C’est par une nuit sans lune, une nuit d’un noir absolu, qu’est né dans une clairière, non loin de HavreClair, Araknor. Né sous la bénédiction de Syl, Araknor fut accepté comme apprenti à la Tour des Mages de HavreClair. C’est dans celle-ci qu’il rencontra l’ami avec qui il partagerait les 15 années de sa vie à venir : Jarko.
Ils étaient les meilleurs de leur promotion, prouvant leur valeur dans presque toutes les arcanes de la magie, notamment la nécromancie. Ils passaient souvent leur temps libre au cimetière de HavreClair à tester les derniers sortilèges qu’ils venaient d’apprendre quelques heures auparavant.
Mais quelque chose rongeait le cœur d’Araknor : dans quelque matière que ce fut, Jarko était toujours le meilleur, et Araknor toujours second, ses talents restant dans l’ombre de ceux de son ami. Pourtant, dans les premières années, rien dans l’esprit d’Araknor ne le disposait à ce qui arriva.
Jarko venait de fêter son vingtième anniversaire, âge qu’Araknor avait déjà atteint quelques mois plus tôt, et ils arrivaient au terme de leur apprentissage. Et Araknor supportait de moins en moins d’être effacé au profit de son benjamin. Depuis quelques temps maintenant, Araknor passait toutes ses nuits dans la bibliothèque de la Tour, et la veille de l’anniversaire de Jarko, il découvrit un vieux grimoire poussiéreux, qui semblait avoir été oublié dans un coin sombre de la bibliothèque. Il racontait que dans le plus terrible lieu où la nécromancie avait frappé, La Crypte d’Arakas, à quelques lieux au nord du Camp Gobelin, se trouvaient les restes de l’homme qui avait été l’un des plus grands Nécromants de toutes les mémoires : Mortimer le Cadavérique. Il devint évident pour Araknor que le livre de sorts devait se trouver près du corps de son propriétaire, et pour prouver sa valeur, il le ramènerait à ses professeurs et il évincerait Jarko de son statut de meilleur élève.
La fête battait son plein quand Araknor décida de la quitter. Cela fut une erreur, car Jarko, qui avait repéré les escapades nocturnes de son ami, vit aussi que celui-ci avait disparu de sa fête. Il ne mit pas bien longtemps à le retrouver, dans ses appartements en train de préparer ses bagages. Araknor ne put mentir à Jarko, qui décida de l’accompagner. Cette fois s’en était trop, Jarko allait encore une fois lui voler la vedette, peut-être pourrait-il avoir un accident dans ce si dangereux voyage.
Après de nombreuses heures de marche, ils arrivèrent enfin en vue de la grotte. Ils étaient encore relativement en forme, ayant contourné le Camp Gobelin au lieu de gaspiller leurs sorts bêtement. Activant leur anneau, de lumière pour Araknor, et de ténèbres pour Jarko, ils entrèrent dans la Crypte. Dedans la surprise fut totale : jamais ils n’avaient vu autant de morts-vivants réunis dans un même espace. Quelle puissance devait avoir celui qui avait créé tout cela ! Détruisant sans ménagement squelettes, zombies et momies, ils découvrirent enfin le corps de Mortimer, transformé en une caricature de squelette, sûrement un échec de son sortilège pour le transformer en liche, et son grimoire gisait à ses pieds. Araknor ne vit jamais la lueur de convoitise s’allumer dans les yeux de Jarko. Les combats aidant, épuisés par les nombreux sortilèges qu’ils avaient usés, les deux sorciers devaient vite trouver un endroit pour se reposer, sinon ils s’exposaient à une mort certaine.
Ils établirent leur camp de nuit à quelques mètres de la crypte, au milieu d’une clairière protégée par leurs sorts, où ils devaient être protégés des agressions extérieures. Mais Araknor n’avait pas fini de ruminer la présence de Jarko, et il décida de l’éliminer cette nuit-là. Apparemment Jarko avait eut une autre idée, et, se réveillant en pleine nuit pour mettre son plan à exécution, Araknor surpris Jarko en train de s’emparer du grimoire. La colère d’Araknor éclata, et il lança un puissant sortilège de drain de vie sur celui qui pendant des années avait été un compagnon, un ami, presque un frère. La vie fuyant son corps, Jarko réagit d’instinct en envoyant sur son adversaire une pluie acide d’une rare violence, défigurant le visage d’Araknor. Le combat fut bref, la douleur ayant fait perdre conscience à Araknor. Mais il allait marquer à jamais les deux hommes : Jarko était devenu si maigre et avait l’air si malade, qu’il était presque devenu ce qui le fascinait le plus, un mort-vivant, lui faisant gagner son surnom : le Décrépit ; et Araknor fut si défiguré que jamais plus personne ne vit son visage, aujourd’hui toujours caché derrière un masque.
Encore maintenant, Araknor cherche à se venger, il se terre derrière le temple de HavreClair, demandant aux jeunes aventuriers d’aller lui chercher le grimoire dans l’antre de Jarko en échange de son savoir, devenu illégal par traité du Roy. Mais certain garde un œil sur lui, comme Lothan, de la Tour des Mages de HavreClair, où Araknor loge contre quelques pièces…
Quelques réflexions sur “ Araknor le Sombre ”